Après
"C'est fini, l'insouciance..." me disait l'autre jour une collègue dans l'émotion de l'après.
Deux semaines ont passé depuis ce vendredi noir de novembre et tant de questions, encore. Tant de cauchemars qui s'accrochent aux paupières, tant de mots dans le flux de l'information continue. On peut reprendre le métro, des verres en terrasse et le cours de nos vies, mais comment mesurer la profondeur de la crevasse qui bée sous nos pieds ? Quelles sutures appliquer sur la soie déchirée d'un quotidien bien fragile ?
Que reste-t-il a dire, quand tout a été dit ? Tant de caractères empilés sous l'aile d'un oiseau bleu, tant de posts touchants, blessés, dignes, pensifs, émus, rageurs, drôles à fendre le coeur. Après tout ça, que peut-on encore faire d'une page blanche ? Etre original, profond, une quête bien vaine qui me fait fuir, pourquoi ajouter un grain de sel soluble dans la vague scélérate de notre émotion collective ?
Les écueils s'accumulent, tant pis, je passe outre. Je ne prétends à rien sinon garder trace, et puis continuer, tracer le sillon de mes images muettes, cultiver mon jardin et mon morceau de ciel. Et tâcher de partager : un gramme de grâce, un semblant d'équilibre.
Le mieux à faire d'une page blanche, c'est peut-être une cocotte porte-bonheur, comme les grues origami des mémoriaux japonais. Ou alors un avion en papier maladroit dans son vol oblique, mais qui l'espace d'une seconde peut nous laisser rêver que la pesanteur s'abolit d'un trait net...
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